samedi 3 avril 2010

>Des femmes battues brisent le mur du silence




Au Congo Brazzaville, de plus en plus de femmes battues, qui vivent un enfer quotidien, osent briser les tabous familiaux et porter plainte contre leurs maris. Des associations, appuyées par les autorités, les aident à se reconstruire.

"J’ai rencontré Julien il y a deux ans dans une bibliothèque. Comme moi, il avait une passion pour les livres. Nous nous sommes mariés. Puis, il a plongé dans la boisson sans que je puisse faire grand-chose. La fusion des premiers jours a fait place aux disputes, aux injures, aux coups et aux humiliations", se souvient douloureusement Jeannine, dans la vingtaine, les yeux fixés sur le sol.

Marc, mon mari, entretenait une relation avec une autre femme. Un soir, je suis allée la voir. Mon époux a débarqué et m’a tabassée. Sans l’intervention des voisins, je serais morte. Un soupçon de paix est ensuite revenu dans notre cocon. Marc a pleuré et s’est excusé. Je croyais qu’il avait changé, mais deux semaines plus tard, les disputes, les blâmes et les bastonnades ont repris", raconte Michelle.

Au Congo Brazzaville, en 2008, selon l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), plus de 2 000 femmes étaient chaque semaine battues par leurs maris. S'appuyant sur des statistiques de la Banque mondiale, l’ONG Amnesty International, estime qu'une femme sur cinq dans le monde est ou a été victime de violences physiques ou d'agressions sexuelles, le plus souvent commises par des membres de sa famille, de sa communauté ou de son employeur.
Au Congo comme ailleurs, les mentalités peinent à évoluer et certains hommes estiment toujours que battre sa femme est un acte d’amour ou un juste moyen de réprimander son partenaire. Il n’y a pas si longtemps, il était hors de question de parler de ces violences à l’extérieur du foyer. "Laver le linge sale en public était strictement interdit. Cela remettait en cause l’honneur de toute une famille qui devenait la risée du quartier. Dans le secret, on conseillait le couple et on demandait à la femme de se rapprocher de sa belle-famille en cas de récidive", reconnaît maman Angélique.

Les mentalités évoluent

Aujourd’hui, débarrassées du poids de la tradition, certaines osent briser le mur du silence. "Ces femmes nous arrivent dans un état lamentable. Il leur faut du temps pour s’ouvrir et parler. Elles se reconstruisent petit à petit, grâce aux différentes réunions où elles prennent
la parole", explique Bertin Nimi Batotoula, de l’Association génération sans risque, une ONG qui les prend en charge médicalement et psychologiquement et les oriente vers les cliniques juridiques et la gendarmerie. "Un homme qui bat sa femme n’est pas moins coupable qu’un homme qui agresse un inconnu. Pour changer les mentalités, il faut que les auteurs de ces crimes soient punis", soutient M. Bertin.

De plus en plus de femmes, surtout celles qui sont plus indépendantes financièrement et connaissent mieux leurs droits, osent désormais poursuivre leurs maris en justice. Mais, les pressions familiales restent très fortes. "À la suite d’une horrible dispute, mon mari m’a fracturé la main. J’ai décidé de porter plainte contre lui. Je suis allée trouver ma mère qui m’a conseillé de garder le silence. Elle m’a rappelé que, sans son aide, mon frère ne serait pas en France pour ses études. Mon mari était le porte-monnaie de ma famille, moi à côté je pouvais mourir... J’étais désespérée. Même ma meilleure amie m’a traitée d’ingrate", poursuit Jeannine, au bord des larmes. Aujourd’hui, en attendant le divorce, Jeannine vit chez son père. Ce dernier l’a accueillie après qu’elle ait tenté de se suicider. D’un commun accord, les deux familles ont décidé de la séparer de son époux qui devenait de plus en plus violent.

Toutes les plaintes n’aboutissent pas. Loin de là. Les condamnations sont très rares et se résument, la plupart du temps, à des emprisonnements d’une semaine à un mois et à des amendes. "Sur dix plaintes enregistrées, seul quatre arrivent au tribunal. Mais, les femmes prennent de plus en plus conscience que la violence à leur égard est un acte condamnable (et condamné par la loi, même s’il n’existe pas de loi spécifique sur les violences à l’intérieur d’un foyer, Ndlr). Elles sont les seules à pouvoir dénoncer leurs agresseurs", souligne le maréchal des logis Ida Reine Mankou, de la gendarmerie nationale.

Entre le 22 mars et 13 avril 2009, soit en moins d'un mois, la gendarmerie a ainsi enregistré 100 plaintes de femmes. "On assiste à un changement de mentalité des hommes. Après un arrangement ici ou au tribunal, les couples ne reviennent plus. On suppose que tout marche à présent", ajoute Ida Reine Mankou.

"Enceinte de ce monstre"

Ce n’est malheureusement pas toujours aussi simple et se reconstruire après pareil traumatisme prend généralement du temps. " Aujourd’hui, je suis divorcée de Philippe et je vs seule avec mon fils. Je ne suis pas prête à me remettre en couple. Je continue à faire des cauchemars. Le psychologue me dit que je vais guérir avec le temps, mais c’est une page de ma vie que j’aurai du mal à tourner", explique, par exemple, Magali, qui, pendant quatre ans, a vécu un véritable enfer. Hospitalisée à de nombreuses reprises après avoir été battue par son mari, elle a finalement porté plainte, soutenue par une amie, quand elle a su qu’elle était "enceinte de ce monstre". "Mon compagnon m’a promis de se venger et de récupérer son fils. Mais le fait d’avoir osé parler et vivre sans lui m’a libérée de mes angoisses", se félicite pour sa part Murielle, séparée depuis quatre mois. Elle qui vivait en union libre, savoure aujourd’hui, seule, une vraie liberté retrouvée.

Annette Kouamba Matondo

Mis à jour il y a environ 8 mois · Commenter · J’aimeJe n’aime plus
Valdie Baz
Valdie Baz
pour les femmes battues que faut il dire?d... Afficher davantageéjà elles sont à féliciter du fait qu'elles ont commencées à en parler!et dire que ces hommes qui souvent battent ces femmes vivent avec elles en situation non légale, c'est -a dire: qu'ils n'ont même pas encore donner ni vin, ni pagnes aux pauvres parents de celles-ci..."femme, n'ai pas peur de dénoncer ton homme qui te bat car en réalité il ne t'aime pas".voila le conseil à donner à celles qui hésitent encore à le faire.
une question Annette reste en suspens:pourquoi, elles ont longtemps avant de réagir?et là une fois de plus dans la plupart des cas ds notre pays, ces femmes sont souvent démunuent, par conséquent subordonées totalement par leurs hommes, que faire alors?Le SILENCE sinon, pas de bouf...c'est vraiment compliqué!les associations, appuyées bien sur par les autorités doivent également oeuvrer pour que ci celles -ci étaient obligées de quitter le foyer pour sauver leur peau, arrivent à etre indépendantes.
28 juillet 2009, à 23:18 ·
Julien Bissila
Julien Bissila
J'écris une pièce sur les violences sexuelles à l'égard des hommes...hommes battus ... hommes violés...ça parlent pas. Ils sont nombreux et c'est interessant

atelier de formation sur les FIX

Désormais armées pour lutter contre les violences faites aux femmes grace aux NTIC

Annette K et Sylxie N

prise de photos souvenir

moment de partique

moment de fous rires

polygamie en sursis


Au Congo Brazzaville, la polygamie fait débat. Une large consultation, qui vient d’être lancée, pourrait aboutir à modifier la loi l’autorisant. Dans les foyers, elle n’a déjà plus autant de succès. La pauvreté, l’émancipation des femmes, la peur du sida et l’influence de la religion sont passées par-là.

"Un homme qui a une femme n’a qu’un seul pied, il est déséquilibré". Ce dicton bembé (un peuple de la Bouenza , au sud du Congo) est significatif d’une certaine mentalité qui a longtemps entretenu la polygamie. "Pour les garants de la coutume, cette dernière était un lien de consolidation, d’intégration et de cohésion entre les familles, les peuples, les tribus, et même les pays", analyse Auguste Miabeto, professeur à Brazzaville au centre de recherche de la civilisation Kongo, qui, en tant que chrétien, ne partage cependant pas cet avis.

vendredi 2 avril 2010

la poygamie en sursis

Au Congo Brazzaville, la polygamie fait débat. Une large consultation, qui vient d’être lancée, pourrait aboutir à modifier la loi l’autorisant. Dans les foyers, elle n’a déjà plus autant de succès. La pauvreté, l’émancipation des femmes, la peur du sida et l’influence de la religion sont passées par-là.

"Un homme qui a une femme n’a qu’un seul pied, il est déséquilibré". Ce dicton bembé (un peuple de la Bouenza , au sud du Congo) est significatif d’une certaine mentalité qui a longtemps entretenu la polygamie. "Pour les garants de la coutume, cette dernière était un lien de consolidation, d’intégration et de cohésion entre les familles, les peuples, les tribus, et même les pays", analyse Auguste Miabeto, professeur à Brazzaville au centre de recherche de la civilisation Kongo, qui, en tant que chrétien, ne partage cependant pas cet avis.

Aujourd’hui, la polygamie fait de plus en plus débat au sein de la société. À tel point que les autorités ont mis en place, en août dernier, une commission de révision et de rédaction des codes usuels. Elle pourrait, après large consultation, recommander une modification de la loi qui permet aujourd’hui à un homme d’avoir jusqu’à quatre femmes. La commission devrait rendre ses conclusions début 2010. Cette première mouture passera ensuite devant l'Assemblée. "Le processus peut durer un an", estime Simon William Mviboudoulou, président des affaires judiciaires à la Cour d’appel de Brazzaville.

En attendant, on observe déjà, un peu partout dans le pays, une baisse de la polygamie. De plus en plus de jeunes refusent cette pratique. En 2009, sur 21 actes de mariage enregistrés à la mairie de Makélékélé (premier arrondissement de Brazzaville), 1 seul cas de polygamie figurait sur le registre et en 2008, sur 52 actes de mariage, 5 cas avaient été enregistrés. A la mairie de Bacongo (deuxième arrondissement de la capitale), aucun cas n’a été enregistré entre 2008 et 2009 et seulement un en 2007.



"Dieu a donné un seul cœur à l’homme"

"La crise économique, la religion, l’émancipation des femmes et le sida sont autant de raisons qui poussent les hommes à faire le choix de la monogamie", observe Auguste Miabeto. Simon William Mviboudoulou, ajoute : "Les Congolais hésitent de plus en plus à prendre des secondes épouses par rapport à la situation économique. Par ailleurs, la femme intellectuelle accepte de moins en moins cette pratique." Voir cette dernière entièrement disparaître serait, pour Jean Gabriel Mavanga, membre de l’OCDH (l'Observatoire congolais des droits de l'Homme) "une belle avancée, notamment pour les femmes qui seraient ainsi placées sur un pied d’égalité avec les hommes."

Certaines n’ont pas attendu que la loi change pour s’émanciper… À l’image d’Anne-Marie, pharmacienne, qui, après plus de 15 ans de vie commune avec son conjoint avec lequel elle a eu 5 enfants, s’est séparée de lui quand elle a appris qu’il avait doté une autre femme. "Je suis partie malgré les conseils de ma mère, qui est dans un foyer polygame. Je connais trop les frustrations et les conflits de ces ménages, je ne suis pas prête à imposer cela à mes enfants. Et puis, je ne dépends pas financièrement de mon ex-mari", explique-t-elle.

Plusieurs hommes sont du même avis. Christian Kianda, ingénieur agronome, assure : "Toutes les familles polygames ont connu des divisions une fois que le père est enterré. Cette réforme (envisagée de la loi, Ndlr) va aussi rappeler à l’ordre ceux qui ont des maîtresses et font des enfants qui sont ensuite souvent la risée de leurs camarades." Beluxe Okana, un monogame, ajoute : "Certains ne sont pas conscients des risques, en particulier celui de propager le sida, qu’ils courent et font courir aux autres."

Les jeunes qui refusent la polygamie ont, dans certains cas, le soutien de leurs parents qui redoutent d’avoir à payer plusieurs fois la dot. Ils bénéficient aussi de l’appui des milieux religieux. Pour le pasteur Kinouani de la paroisse de Makélékélé, interdire la polygamie serait en somme naturel. "Dieu a donné un seul cœur à l’homme. Comment est-il possible d’aimer deux femmes de la même façon ? Il y a forcément une injustice qui se ressent aussi au niveau des enfants. La loi mettra certes du temps à s’appliquer, mais je pense sincèrement que les choses vont changer surtout avec le coût de la vie aujourd’hui."

Annette Kouamba Matondo

la nouvelle égerie du krump



Nouvelle perle du Krump, New style et Poping congolais.

Fraicheur et innovation peut on observer dans les mouvements de danse et chorégraphies de Stella Keys, nouvelle perle du krump, new style et poping congolais. Stella brule sur les planches et se laisse guider par les rythmes de la musique.
Présidente de Break Street, son groupe, Stella dirige une équipe de six personnes, tous passionnés de la danse. « Entre récits de vie, et notre quotidien, nos chorégraphies intègrent le krump, new style, au poping. Mais on fait attention à ce que notre créativité garde l’esprit de ce que nous reflétons, c'est-à-dire la jeunesse congolaise dans toute sa diversité et complexité ».
Benjamine d’une fratrie de 14 enfants, Stella Yamba, de son vrai nom apprend à danser à coup de chicote au près de son mentor Alvine. Une pratique qu’elle accepte sans trop rechigner car elle a en tête, le rêve de devenir une grande chorégraphe.
A 18 ans, en classe de terminal Stella n’a pas la langue dans sa poche, « Une fille qui danse avec des hommes sur des sons hip hop ce n’est pas toujours bien vue au Congo. Moi j’ai envie de vivre ma passion, d’aller jusqu’au bout de mes rêves, et c’est dans la musique que je me sens vivre ».
Si au départ ses parents voient son engagement pour la danse d’un mauvais œil, ils changent rapidement d’avis car quelques mois après son intégration dans le groupe Tender Skry Squat, Stella réussit non seulement à concilier sa vie scolaire mais réalise enfin son rêve .
En effet, l’artiste ne s’imagine pas vivre sans la danse ; d’ailleurs sa détermination et sa persévérance lui ont valu une distinction lors des tam-tams d’or équivalant des « Awards » à la congolaise en janvier dernier à Owando. Un film a été réalisé dernièrement sur la danseuse dans le cadre du projet « Talents du Congo », réalisé par les maisons de production Inzo ya Bizizi (Congo) et Play production (France).
Une renommée qui ne lui tourne pas la tête, mais l’artiste espère avoir d’ici quelques années la même notoriété que Miss Eliot, artiste de rap américaine, à laquelle elle voue une véritable admiration.
Annette Kouamba Matondo